
© by KOMORI Yôko / Shûeisha
Dans le paysage de l’édition francophone, la récente arrivée de Yoko Komori avec “Le secret des écailles bleues” est comparable à un doux flot rafraîchissant. De même que cette vague paisible et discrète n’en est pas à sa première apparition dans le panorama japonais. Yoko komori est une mangaka relativement active sur les réseaux sociaux, que je vous recommande de suivre sans modération pour admirer et soutenir son travail. Autant dire que celui-ci nous offre la possibilité d’entrevoir un univers graphique orné d’une finesse subtile laissant une marque agréable sur la rétine (@komoriyouko).
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Les souvenirs évocateurs de la mer
En déménageant peu avant la reprise de l’école, le père de Toki décide de quitter le décor rural de la capitale. Afin de siéger dans un village au paysage chimérique, parfumé par l’embrun et bercé par les caresses et le son des vagues de la mer. En posant les pieds au bord de la plage dans ce lieu idyllique recouvert par l’odeur marine, cela ravive chez Toki des bribes de souvenirs troublants, telles des poussières de gouttelettes d’eaux marines projetant par ces vagues des réminiscences lointaines. Ce, de façon à ce que ces éclats de souvenirs nous laissent entrevoir qu’elle n’en est pas à sa première venue. Dévoilant des souvenirs douloureux de sa mère aujourd’hui absente et l’origine de son obsession, celle de retrouver une créature emblématique, une sirène qui lui aurait sauvé la vie lors d’une visite datant d’autrefois en ces plages.
© by KOMORI Yôko / Shûeisha
Par ce lieu à fois familier et inconnu qui se distingue par sa singularité, la mer à l’obscurité abyssale et de son odeur envoûtante, la frontière entre les rêves et la réalité s’en trouve brouillée. La mer est telle un portail entre ces deux mondes où Toki plonge pour y enfermer ses souvenirs douloureux et ses sentiments profonds quand ceux-ci s’avèrent trop pesants à porter. Étant également un monde où siège certainement en son antre, cette créature de légende aux écailles aux couleurs de l’embrun. Ce sont dans ces conditions que nous alternons entre ces deux instants, ces deux mondes qui suscitent cette immersion onirique totale et apaisante. Les traits épurés de Yoko Komori, son découpage délicat offrent une conjonction unique puisant dans la base de cette thématique que sont les souvenirs et les rêves, afin d’obtenir une œuvre d’une beauté envoûtante.
Notre rapport avec la mer, les souvenirs qu’elle évoque, les sentiments qu’elle éveille, les yeux innocents de l’enfance et sa capacité à être émerveillé par ce qui sort de l’ordinaire. Autant d’élément permettant d’embellir cette enquête féérique et mélancolique que mène Toki. Suffisamment, pour que je sois conquis par cette première immersion dans l’univers de l’autrice, curieux de suivre sans une once d’hésitation jusqu’à où elle désire nous transporter. Cette courte croisière hors du temps, prendra fin avec un second et ultime volume. Espérant par la même occasion pouvoir retrouver au bord de cette plage, d’autres œuvres de l’autrice qui méritent amplement de se retrouver dans les mains de nombreux lecteurs et lectrices.
Une réflexion sur “#9 Découverte : Le secret des écailles bleues”