Shiori : l’expérience du blues – la musique de l’âme

Avec la sortie de Shiori experience, Machida Kazuya et Osada Yukô nous invitent par le biais du Monthly Big Gangan à explorer l’univers vertigineux que représente la musique grâce à cette œuvre. Étant donné que cette exploration s’articule et prend appui sur le rock et le blues, deux genres musicaux aux origines communes dont la complicité offre une base foisonnante à exploiter au sein de l’œuvre. La musique, voilà un puissant vecteur émotionnel et il est évident que les auteurs ont cherché à travers cette œuvre à ce que le lecteur en soit un spectateur privilégié. Dans cette découverte, Shiori incarnera les difficultés propres dans l’élaboration de toute œuvre artistique, entre la peur de la page blanche et les corrections frénétiques connues de tout artiste en quête de création. Mais aussi des sentiments plus positifs, celle de partager la frénésie d’une mélodie en groupe ou d’élaborer sa propre musique. C’est que la création n’est pas toujours synonyme d’une excursion aride dans le désert, ou d’une longue marche sur une voie boueuse éreintante à surmonter.

Shiori Honda, professeur d’anglais âgé de 27 ans, nous ouvre les portes de ce monde afin d’en étudier toutes ses subtilités. Une volonté d’un retour aux sources, née de sa rencontre improbable avec une légende du rock et du blues : Jimi Hendrix, amorçant ainsi la naissance de son jeune groupe qui souhaite mettre sur partition les esclaffements de la liberté et l’insouciance d’une joie de vivre. Des valeurs que les auteurs veulent visiblement faire vivre aux lecteurs. Shiori experience dépeint une vision bouleversante de l’apprentissage de la vie, du passage de la vie adulte et de l’amour incontestable de Machida Kazuya et Osada Yukô pour la musique.

Track 1.0 – The Experience : L’acceptation des sentiments bruts

Croulant sous les dettes, depuis que son frère ne donnant plus aucun signe de vie a souhaité monter son propre groupe et de vivre de sa passion. Shiori s’est détournée de la vie qui la faisait vibrer, empruntant une voie sous le signe de la monotonie et du mensonge dans le seul but du bien d’autrui. Un choix louable et honorable, mais étant aussi un mensonge particulièrement douloureux à l’encontre de sa propre personne. La vie n’est pourtant rien sans plaisir, et rien de mieux que de s’attacher à une passion pour s’enivrer de l’existence. Mais attention à l’excès d’euphorie, la cuite est vite arrivée. Vivre de sa passion n’est pas sans risques, le chemin est abrupt et beaucoup ont chuté en cours de route.

Quel est donc le prix à payer en s’immisçant dans ce monde aussi captivant que terrifiant ? Pour Shiori qu’importe, puisque lorsqu’on ose s’aventurer dans les abysses du « blues », ce sentiment complexe qui prend ses racines dans le tourment, implique de nous mettre à nu. Il faut assumer sa mélancolie, sans quoi notre expression s’en trouve bridée.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Dès lors, au cours de cette immersion au sein de l’œuvre, j’ai développé un rapport intime avec un genre musical majeur : le blues. Un genre dont les origines ont su traverser les âges, laissant une empreinte indélébile, celle d’histoires racontées par des hommes et femmes noirs à une époque où ceux-ci n’avaient injustement par leur place et qu’il convient aujourd’hui de ne pas oublier.  

De ce besoin vital de narrer sa propre histoire, que l’on retrouve dans le blues, dériveront un grand nombre de genres musicaux, dont ceux qui nous fascinent le plus aujourd’hui.  Cette narration n’a pas de forme fixe. Bien au contraire, elle est malléable à souhait et se prête aussi bien à des atmosphères poignantes, poétiques et mélancoliques qu’à des tonalités plus humoristiques et entrainantes, s’adaptant ainsi aux récits intimes de ses interprètes. L’expression de son « blues » requiert d’endosser pleinement le rôle de héros de sa propre histoire et d’assumer cette volonté de conter ce que nous sommes, ce que nous avons vécu, nos sentiments et nos expériences. Pour savoir jouer d’un instrument, il faut savoir alterner entre l’écoute de son « blues », dans toute sa complexité, et le passage outre de cette multiplicité nous constituant pour nous livrer corps et âme à l’interprétation.  

Au regard de ses origines lointaines, le blues se constitue comme un récit autobiographique et poétique, né d’un sentiment de désespoir et de nostalgie. C’est ce même sentiment, sombre et concret, qui émane des planches de Shiori Experience, au point de les rendre vibrantes du fait d’une multitude d’idées de mise en scène, de représentations métaphoriques ingénieuses, et d’un rapport sincère et touchant à ses thématiques centrales. Le manga, d’une maîtrise narrative bluffante, sublime le quotidien éprouvant mais néanmoins grisant de Shiori et son groupe.

Track 2.0 – Reborn from zero : Lucille, la souveraine des contes de blues

B.B king – Le roi du blues – 16/09/1925 – 14/05/2015

Côtoyer le blues durant de longues années peut influencer sur le rôle de celui qui joue le narrateur de sa propre histoire entre l’instrument et le musicien. Il n’y a plus le musicien et son instrument, mais un seul mouvement qui les anime en harmonie. Introduire Shiori experience, en abordant le blues, sans introduire l’un de ses plus grands représentants paraissait impensable. Deux noms raisonnent ainsi dans l’histoire du blues par la marque qu’ils ont laissé dans leur sillage : B.B.King et Lucille.  C’est par le biais de l’une de ses musiques les plus emblématiques, “Lucille”, que notre voyage prendra également appuie.

“ Le son que vous écoutez provient de ma guitare nommée Lucille. Je suis vraiment fou de Lucille. 
Lucille m'a arraché à la plantation, vous pouvez dire qu'elle m'a apporté la célébrité. "

Elle catalyse son blues depuis son plus jeune âge. Dans la mesure où aucun être autre que Lucille n’est capable d’enchaîner ces notes d’une justesse envoutante semblable à un grand parolier décrivant les loges de la personnalité et la vie touchante de B.B.King, à l’instar des personnages de Shiori experience. Se dévouant à la musique et se confiant à leurs instruments afin de dévoiler au monde leurs sentiments, B.B King demande tout au long de sa prestation à cette amie qui lui est chère de s’exprimer à sa place. De cette demande sincère nait, sans interruption, un échange émouvant sur ce qui lui a permis de devenir ce qu’il était. 

“Tu sais, si je pouvais chanter des chansons populaires comme Frank Sinatra
ou Sammy Davis Junior, je ne pense pas que je pourrais encore le faire
parce que Lucille ne veut rien jouer d'autre que du
blues. Je pense que je suis, je pense que je suis assez content de ça.
De ça. Parce que personne ne chante pour moi comme Lucille.
Chante, Lucille.”

B.B. King Hammersmith Odeon 1978

La relation entre Shiori, sa guitare et cette légende du genre qu’est Jimi hendrix rappelle ce rapport entre B.B.King et Lucille. L’une à toujours ignorer son blues et peine à le retrouver à ce jour, tandis que l’un est hanté par son désir saisir l’opportunité de l’exprimer.  Pouvoir imprégner son âme dans son instrument, dans insuffler ses émotions est un exercice délicat. Si le blues représente cette volonté de narrer sa vie, la musique prenant forme représente une partie de notre histoire. C’est animé par ce désir de trouver cette réponse qu’évoluera “ l’expérience “ de Shiori.

Lorsque Shiori décide d’écouter son “blues”, ses sentiments profonds, des émotions ne pouvant ici prendre leur forme originelle grâce à un seul et unique vecteur : l’instrument musical. Sans compter que c’est la singularité de ces émotions, d’une consistance sans pareil qui leur est propre qui offre cette densité donnant corps à la musique. L’expérience douloureuse et aussi bénéfique de ces jeunes musiciens, Machida Kazuya nous accompagne minutieusement dans cette quête saisissante. Abordant par l’apprentissage de la musique, les épreuves de la vie et leur manière de l’appréhender. De son côté, Osada Yuka cherchera à puiser dans son imagination pour saisir ces sentiments et les retranscrire. Après tout, si la musique devient par extension la porte-parole de nos sentiments, il est primordial de donner vie à ces notes touchantes.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Autant par l’exploitation ingénieuse d’onomatopées, que par des choix de compositions et de mises en pages. Osada Yuka révèle merveilleusement ces sentiments aux yeux du lecteur de la manière la plus sincère possible. Pour pouvoir vivre leurs expériences et construire la nôtre au cours de notre lecture, il nous délivre des scènes époustouflantes donnant la chair de poule. L’histoire d’un des membres du groupe en est le parfait exemple de cette représentation. Isuzu Akane, saxophoniste du groupe, pour son propre bien, a toujours rejeté inconsciemment sa propre personne, dans une crainte de rejet par monde qui l’entoure. Bien qu’étant heureux d’avoir trouvé sa place dans le groupe, aucun son ne sort de son instrument, pour être exact rien de ce qu’elle ressent en ressort. Or si l’instrument porte nos sentiments, il en devient le reflet de notre être, ce que nous sommes réellement, notre blues. En continuant d’aborder ce comportement autodestructeur, aucune note n’a la possibilité de prendre forme. À la même manière de B.B King, le saxophone est tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle a, c’est celui-ci qui exprime son blues. Pour retrouver sa place dans la mélodie et dans ce monde, elle doit renaître afin de mieux se retrouver et lui  permettre d’exprimer son blues.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Track 3.0 – Love is over : Les onomatopées rythmiques guidant le lecteur

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

L’utilisation des onomatopées a une place primordiale au sein de Shiori expérience. La musique permet de filtrer la parole du joueur, pour en puiser toute la pureté et l’aspect brut de ses sentiments et ses pensées.  De cette sensibilité, les pages se déforment et s’ajustent au style de l’interprète. Les onomatopées s’entremêlent avec les notes et s’adaptent à l’instrument du musicien, reflétant ainsi sa personnalité. 

Dans le cas Neon Mitsuoka, trompettiste dans un groupe d’orchestre d’un club de musique, faisant preuve d’une assiduité surhumaine dans son apprentissage. Quitte à y perdre son âme, afin de devenir un réceptacle parfait capable d’assimiler toutes les subtilités de la musique et d’en capter l’essence même. Perdant en contrepartie la capacité d’écouter ce qu’évoque son cœur. Devenu Caméléon esclave de ses notes, ivre de la mélodie idyllique, ne trouvant peu d’intérêt à écouter son blues, elle s’exécute pour le bien de tous, de la troupe.  De ce fait, les notes tout comme les onomatopées s’exécutent à un rythme défini capable de s’adapter à n’importe quel tempo, reflétant la pratique de l’utilisatrice obsédée par le perfectionnisme attendu dans un corps d’orchestre, ayant l’impossibilité d’explorer des horizons nouveaux. C’est ainsi que ces notes prennent forme par ces caractères clairs et précis, d’une netteté à la fois admirative et terrifiante.

Tout comme nous en tant que spectateur, assistant sans cesse à l’évolution du groupe de Shiori, elle s’en retrouvera déstabilisée de la liberté que dégage celui-ci. Les onomatopées, les notes ne cherchent aucunement à s’aligner parfaitement. Il est possible de distinguer chacune d’entre elles, les percevoir si distinctement ne signifie pas qu’elles dérivent de la marche à suivre ou démontrent une certaine forme de supériorité. Elles dévoilent la volonté à chacun de trouver sa place dans cette mélodie, d’être eux-mêmes afin d’offrir un panorama reflétant leur unicité respective qui est une qualité indéniable du groupe. Chacun est poussé par un objectif commun, celui de bousculer le cœur d’autrui. Neon Mitsuoka va devoir se délivrer de cette méthode archaïque, cette quête de soi aboutira à un retour aux origines qui en résultera d’une prestation sans précédente.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Ce travail de retranscription et toute la complexité à concevoir la structure d’une mélodie, iront jusqu’à influencer l’organisation narrative visuelle. La possibilité de trouver un schéma qui saura surmonter toutes ces problématiques est un défi jouissif à observer. Le rythme, l’instrument, la personnalité, les idéaux des personnages, la construction musicale… Autant de facteurs offrant un panel de possibilité infini de narrations et de mises en scènes. Tous ces éléments qu’ils soient au service du récit, au cœur de thématiques importantes de l’œuvre ou bien tout simplement dans un but purement artistique. Osada Yuka, va donc chercher au-delà de ces contraintes propres à son médium liées à cette impossibilité de pouvoir s’étaler sur la longueur due à la limitation du nombre de pages. Celles-ci n’existent plus, ou plutôt, il semble en faire abstraction. Cherchant à trouver la forme idéale pour y prodiguer l’essence même de la prestation, mettre en scène les sentiments des musiciens qui cherche constamment s’expulser des planches. Mais aussi leur combat, mettant en image l’enfer propre à la création artistique et les blessures qui peuvent en découler. En le dévoilant comme le font ces musiciens qui nous ouvrent les portes de leurs intimités.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

C’est pourquoi, afin que cette mise à nue soit la plus représentative de cette sincérité, l’utilité de trouver la manière la plus efficace de représenter ce qu’ils souhaitent laisser aux lecteurs, importera bien plus sur la manière de le concevoir. Par conséquent, Osada Yukô  va surpasser ses limites, pour exprimer de la manière le plus claire ces sentiments, afin de pouvoir faire admirer ce domaine fascinant qu’est la musique. Un bon nombre d’idées ingénieuses se prêtent à ce jeu rythmique, exploitant des éléments propres au genre musical pourtant délicat à retranscrire, en l’intégrant aux processus narratifs visuels propres à la bande dessinée : l’enchaînement d’une case à une autre. Comment se détacher de la contrainte créative liée à ce médium, en se focalisant également sur le support dans son ensemble, comment mettre en page ces évènements.

Track 4.0 – The groove : les pulsions et les temps au service de la narration

Au cours de la lecture de Shiori experience, une série de chapitres se consacre sur une phase d’apprentissage qu’entame chaque membre du groupe. Une phase bien plus proche d’une quête de réponse, de la légitimité d’épauler Shiori donnant corps et âme dans ce qu’elle joue, en restant dans cette continuité de leur quête initiatique. Hatsunori Daiba, batteur du groupe, cherchera à acquérir une maîtrise lui permettant d’être inflexible, pour devenir un fondement capable de soutenir l’ensemble des membres du groupe. Après tout, la batterie matérialise le sens du rythme, le métronome à forme humaine. Un être essentiel rassurant les membres qui l’entourent. Osada Yuka entame une description intéressante de cette quête, jouant initialement de la batterie pour satisfaire son plaisir personnel. On remarque en tant que spectateur que quelque chose ne va pas. Aussi passionné soit-il, reproduire les notes ne suffit plus, celles-ci ne s’enchaînent pas correctement, les caractères sont bien plus espacés des uns des autres, s’emboîtant de manière aléatoire, tandis qu’avec une aisance déconcertante, son maître enchaîne les notes de manière concise suivant n’importe quel tempo.

La narration suivra donc ce désir de s’approprier “le rythme”, d’en comprendre les subtilités et son utilité vitale dans le groupe. L’assimilation se déroulera par la mise en écoute constante d’un rythme bien défini par un métronome. Les actions d’Hatsunori Daiba, sont  déterminées par ce métronome qui devient le chef d’orchestre assurant le rythme de lecture d’une case à une autre, cette lecture évolue en se basant sur ce même principe. Cette narration reprend le concept de pulsation qui se représente par des battements réguliers aussi bien visuel qu’auditif. Ici, il est représenté par les mouvements réguliers d’Hatsunori Daiba qui s’accordent dans un premier temps à chacune de ses actions du quotidien. Ces “battements” sont associés à ces bulles décrivant le métronome. Inconsciemment on suivra ces pulsations, en répétant le rythme dans notre tête par ce simple jeu visuel mené par d’un coup de maître par Osada Yuka. 

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Le fonctionnement des temps et leur système évolutif basé sur une structure précise, les pulsations représentées par ces mouvements répétés régulièrement… Hatsunori Daiba ne fera plus qu’un avec tous ces concepts musicaux jusqu’à devenir lui-même le métronome, rendant son jeu encore plus fluide qu’il ne l’était auparavant. 

Track 5.0 – Purple Haze : Marches sous une mer de blues

L’amour de l’auteur pour la musique se décrit également par les figures célèbres qu’il met en scène dans l’œuvre. Il en sort de cette admiration pour ces personnalités emblématiques du rock et du blues, un désir de les faire vivre à travers son œuvre. Shiori experience prend également l’aspect d’une lettre remerciement et d’admiration à leur destination où il retranscrit leurs blessures, leur passion inébranlable, leurs frustrations, leurs luttes dans la création artistique. Une rencontre démentielle entre Jimi Hendrix et Kurt Cobain représentera la plus belle métaphore de l’amour de l’auteur. Chacun jouant la musique emblématique de l’un, nous narrant indirectement le blues de l’autre, reflet d’une blessure n’ayant eu la possibilité de se refermer.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Machida Kazuya et Osada Yukô mettent en scène cette hymne générationnelle des années 90, mais également l’épée de Damoclès pesant sur l’esprit du musicien qu’est “Smells Like Teen Spirit”. N’ayant la possibilité d’exprimer ce qu’il souhaitait par le biais d’autres mélodies, bien qu’en montrant aux yeux de tous cet agacement qui le pèse, devenant dépendant de sa propre mélodie que son public n’a que comme seule envie de l’écouter. En miroir, une histoire similaire nous est dévoilée avec Jimi Hendrix par le biais de cette musique endiablé qu’est « Purple Haze ». Dans l’incapacité d’exprimer son blues, se comparant à un clown n’ayant comme seule possibilité de rejouer éternellement le désir des spectateurs.

L’impact dû à l’explosivité de leurs émotions, résulte d’une réponse qu’ils ont cherché éperdument à obtenir, une symbolique décrivant le désir d’atteindre ce changement. Une nouvelle voie permettant d’admirer une vue imprenable, un public ému  s’enflammant en écho avec leurs sentiments et leur histoire. Cette révélation, représente la partie d’une prestation mettant en éveil les sens du spectateur. Tel un torrent qu’aucun mortel n’aurait la folie de contenir, emporté par cette marée née de sentiments profonds de deux musiciens sensationnels,  suit une vue en contre plongée nous expulsant hors de la scène. Une prestation à l’image de Kurt Cobain saisissant le rock and roll dans tous les sens, bousculant le milieu à jamais, popularisant un genre qui est le grunge reversant tout sur son passage. Et Jimi Hendrix dévoilant une nouvelle facette du blues, de la même manière qu’ils ont chamboulé l’industrie de la musique en leur temps, cette prestation semblable à une gifle assourdissant le lecteur.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

Track 6.0 – Jack in : La matérialisation de la voie royale

L’impulsivité et la spontanéité du rock offrent une liberté d’expression infinie aux musiciens qui le pratique. L’instrument est comme une extension de leur corps et la musique permet à nos personnages de pouvoir narrer ce qu’ils ont vécu sans les contraintes qu’ils connaissent une fois dépossédés de leurs instruments. Les dessins et l’imagination débordante d’Osada Yuka est au service de cette liberté d’expression. Entreprenant tout un ensemble de constructions visuelles retranscrivant d’une part cette impulsivité, cette spontanéité qu’on retrouve dans ce genre musical et de l’autre la naissance de cette musique prenant ses racines par le biais de ces sentiments intenses, et ce qu’elle est censée laisser, prodiguer au lecteur. En particulier, en tant que spectateur fidèle qui peut uniquement hériter des sentiments de ces personnages qui se dévoile entièrement.

Ces métaphores visuelles décrivent le chemin qu’emprunte chacun des membres du groupe pour atteindre leur but à la hauteur de leurs convictions et de leur idéal. Leur voie royale, aboutissement de cet ensemble et reflet du cheminement qui les guideront jusqu’à leur réponse, ce qu’ils souhaitent transmettre à ceux qui les verront. Cette voie, est capable de rompre n’importe quel obstacle, n’ayant que faire de la barrière de la langue, ignorant  la maladresse et la difficulté de trouver les mots, décrivant avec clarté ce qu’on ressent. Cette réponse à ce qui se trouve au bout de cette voie, se dévoile sans grandes difficultés à ceux qui poseront les yeux sur leurs prestations, une empreinte visuelle restera gravée sur la rétine du spectateur. Poussée à l’extrême, la difficulté de cette recherche et la trouvaille de cette voie est un choix qu’empruntera Osada Yuka, afin de faire naître des métaphores visuelles démentielles descriptives de la capacité de la musique à transcender toutes choses. De cet ensemble, né jack in, leur réponse capable de fracasser toute chose, d’empoigner le cœur des gens.

© 2013 Osada Yuko / Machida Kazuya, Square Enix

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