Bilan lecture 2023: Mes meilleurs lectures mangas

2022 fût déjà marqué par la rencontre d’un très grand nombre d’autrices dont certaines œuvres continuent de m’accompagner aujourd’hui (Bilan 2022 à retrouver en deux parties: Bilan 2022 – Part 1 : Les nouveautés mangas de l’année). 2023 reste dans cette continuité, mais cette dernière était accompagnée de sorties encore plus riches et nombreuses que les années précédentes. Elle illustrait aussi bien le retour d’autrices majeures du paysage du manga, que celui de l’arrivée de jeunes auteurices aux propositions prometteuses pour l’avenir, et dont il faudra porter une attention des plus attentives à ces dernier-es.

Je vous propose aujourd’hui un bilan de mes meilleures lectures de l’année 2023, un top sans hierachisation composés des mangas qui on su occupés mes pensées. N’hésitez pas à me partarger si certaines lectures vous ont accompagnés ou non au cours de l’année, le but de ce bilan étant de pouvoir échanger autour de ces dernières.

Eizôken !! Pas touche à nos animés !, Sumito Ōwara – édition nobi nobi 

L’adaptation d’Eizôken par le studio Saruu faisait déjà partie de mes animés préférés de 2020. 2023 représentait l’occasion idéale d’immerger dans l’œuvre originale de Sumito Ōwara. Par le trio de personnages que sont Midori, Sayaka et Tsubame, nous découvrons tous le processus créatif d’un anime. Dans lequel leur soif de créer, procure une lecture galvanisante qui engendre à son tour un désir irrépressible de création. Elles forgent leur imagination dans les recoins insoupçonnés du monde qui nous entoure et de tout ce qui alimente notre imaginaire. 

Capeta – Masahito Soda – édition Noeve graphx

Subaru fût, et reste à ce jour, l’une de mes expériences de lecture les plus intenses qu’il m’a été donné de vivre. Ce faisant, le retour de Masahito Soda en 2023 était l’un des rendez-vous qu’il m’était impensable de rater. Après la danse classique, nous arpentons les pistes de voitures de course aux côtés du jeune Kappeita, surnommé “Capeta”. Masahito Soda fait preuve de la même finesse et intensité pour illustrer la passion dévorante, voire malsaine de son protagoniste pour ce sport. Une frénésie à la fois glaçante et jouissive vibrant au travers des planches de l’œuvre.

À retrouver sur le blog, notre article sur l’œuvre de Masahito Soda:  

Subaru : Défier les dieux et transcender la prison du corps.

Mademoiselle Mozart, Fukuyama Yomi – Atelier Akatombo 

Fukuyuma Yoji nous livre dans Mademoiselle Mozart, une bibliographie imaginaire dans lequel Mozart serait une femme. Cette dernière a dû se faire passer pour un homme pour que le monde puisse accepter son art. Une dualité qui se retrouve au centre du récit qui illustre cette quête de liberté menée par Mozart. Par un découpage fluide et lisible, l’auteur nous compose une longue partition musicale et sociale avec une narration à l’image de l’excentricité du personnage

Pour approfondir le sujet, Chiarara vous décrit toute la particularité du récit de Fukuyuma Yoji et de cette vision de Mozart: 

“Cette enfant est un génie !”: Mademoiselle Mozart de Yôji Fukuyama

Le vendeur du magasin de vélo , Matsumushi Awara – édition lézard noir

Le vendeur du magasin de vélos décrit une romance légère et naturelle entre Banko 20 ans et Takaki, un jeune vendeur de vélo. L’œuvre touche par la franchise de la narration de l’autrice. C’est une lecture apaisante et qui réchauffe le cœur.

Country Diary, Aya Isino – édition Akata 

Au sein de Country Diary, on suit Kurumizawa, un professeur d’université de Tokyo qui décide de tout abandonner pour devenir agriculteur. Il y fait la rencontre d’un artisan qui l’aide dans la réparation de son nouvel habitat.  Par ces derniers, l’autrice illustre l’art de faire les choses soi-même et l’appréciation des choses simples, afin de décrire la beauté et la joie qui en résulte. Tout en prenant le temps de dépeindre avec légèreté cette romance entre ces deux personnages. La lecture s’accompagne de la colorisation des pages aux couleurs du printemps. Une saison associée au renouveau qui met en lumière l’aspect chaleureux de cette relation naissante et de ce nouveau départ mené par Kurumizawa.

L’eau retourne toujours à la mer , Retto Tojima – édition noeve graphx

L’eau retourne toujours à la mer est un manga de Retto Tojima qui a reçu le 22ᵉ prix culturel Osamu Tezuka dans la catégorie nouveau créateur.

On suit Naotaku qui au cours de ses années lycée va être amené à habiter chez son oncle chez lequel il y fera la rencontre de Sazaki. Elle s’avère être l’une des colocataires de son oncle et semble étroitement liée à sa famille. Retto Tojima aborde des sujets tels que la compréhension de soi et des autres, l’art complexe d’exprimer ses sentiments. Il se dégage de la narration de l’autrice, une certaine forme de mélancolie à la fois douce et réconfortante. Dans chaque salle que nous pénétrons, ce sont des personnages humains  qui nous font découvrir leur histoire.

Entre nos mains, Battan – édition Akata

Le début de l’année 2023 annonçait la rencontre avec une jeune autrice au travail prometteur: Battan. Depuis ses débuts dans le monde du fanzine et du dojinshi (ouvrage amateur japonais), elle nous présente de nombreux portraits féminins lesbiens. Dans “Entre nos mains”, c’est celui de Makima et Midori par lesquelles on aborde des sujets tels que le passage à la vie d’adulte, de la lutte contre le regard que pose la société sur les femmes et les minorités. 

Au cours de la semaine du shojô de 2023 organisé par le club shojô, nous avons pu proposer une immersion sur l’œuvre de Battan, Tomoko Yamashita et Fumi Yoshinaga: 

Semaine du shōjo : de la réalité à la fresque historique

Skip and loafer , Misaki Takamatsu – édition noeve graphx

L’œuvre de Misaki Tokamatsu narre l’histoire de Mitsumi qui a vécu toute sa vie en campagne. Elle intègre, après le collège, un prestigieux lycée de Tokyo où elle y fera la découverte de la vie urbaine. Skip and loafer illumine le magazine afternoon par ses personnages solaires et joviaux, mais également par son panorama de personnages humains et crédibles. La naïveté et la sincérité de Mitsumi s’expriment aussi dans le découpage et la narration de Misaki Takamatsu qui allie épuration et simplicité. C’est une lecture réconfortante qui s’illustre par son récit à échelle humaine.

Hoshi dans le jardin des filles, Yama Wayama – Lezard noir

Hoshi dans le jardin des filles suit Hoshi dans une école des filles. L’humour pince-sans-rire est d’une efficacité remarquable, la fluidité de la narration de l’autrice rend le déroulement des gags limpide et d’une efficacité redoutable. Yama Wayama compte parmi ces jeunes autrices à suivre de très près.

Noissape vous décrit son amour pour l’œuvre de Yama wayama en décrivant ce qui rend Hoshi parmi les lectures les plus réconfortantes et drôle du moment:  Tome 1: Hoshi dans le jardin des filles

Miss Ruki , Fumiko Takano – édition lézard noir

Miss Ruki est une capsule temporelle dans laquelle Fumiko Takano capture le quotidien des femmes trentenaires en pleine bulle économique de l’ère showa (période de l’histoire du Japon débutant de 1926 à 1989). L’autrice nous décrit avec justesse le quotidien insouciant de Ruki. Par son caractère enjoué et par la simplicité avec laquelle elle brave la vie, elle arrive à surmonter les attentes imposées par la société de l’époque. Fumiko Takano joue sur le paradoxe créé par la monotonie et l’épuration de son découpage avec la personnalité de son héroïne pour offrir une lecture aussi bien légère que cathartique. 

Blank space, Kumakura Kon – Sakka (Casterman)

Blank Space met en lumière une amitié naissante entre Shoko et Sui. Shoko rencontre Sui, une fille solitaire qui a la possibilité de matérialiser des objets invisibles à l’œil nu. Kon Kamukura place la notion du vide au centre de son récit et de cette relation. Elle déplie ce concept pour le mettre au service d’une narration et d’un découpage à la fois délicat et élégant qui joue sur le principe d’abstraction propre à la bande dessinée afin de proposer des idées narratives originales.

Le vestige des parfums, Nakamura Asumiko – Hana collection

Après avoir marqué les esprits avec Utsubora aux éditions Akata, Asumiko Nakamura continue son périple dans le paysage francophone avec  “les vestiges d’un parfum” chez les éditions Hana.Cette immense autrice de boys love nous propose de plonger dans l’interdit, en proposant un nouveau récit d’une sensualité et d’une noirceur brute. Les traits vivants et envoûtants de l’autrice enfoncent les lecteur-ices dans cette relation malsaine entre Shinobu et Takezô. Un titre qui n’est pas la plus accessible des portes d’entrées dans l’univers d’Asumiko Nakamura et qui n’est pas à mettre dans toutes les mains. Néanmoins, l’œuvre n’en reste pas moins un chef-d’œuvre luxurieux.

Les fleuristes du coin de la rue & le pays des cerisiers – Fumiyo kono

2023 s’illustrait aussi avec le grand retour de Fumiyô Kono.  L’autrice est connue pour dessiner le quotidien, et en particulier celui des plus discrets de ce monde dont les plus belles victoires sont souvent cachées. Les récits de Fumiyô Kono prennent la forme d’un carnet intime. De l’un, celui du pays des cerisiers qui narre une histoire à la fois douce et poignante située dans l’après-guerre. De l’autre, les récits anecdotiques de jeunes fleuristes aux histoires réconfortantes. La venue de l’autrice n’est pas terminée et se poursuit en 2024 avec le retour de l’un de ses chefs-d’œuvre: Dans un recoin de ce monde

Dans un précédent article, nous explorons la singularité de la narration de Fumiyo Kono au sein de Dans un recoin de ce monde, et comment, par un procédé très particulier, ce dernier renforce la puissance de son récit:

Dans un recoin de ce monde : souvenirs d’antan, la carnet de dessins de Suzu

Colette , Moyoco Anno – Édition pika 

Au côté de Helter Stelker, Colette fait partie de ces œuvres majeures ayant marqué le célèbre magazine de prépublication josei Feel Young. Après Sakuran sortie plutôt au cours de l’année,  dans laquelle elle abordait la réalité de la prostitution de l’époque Edo au Japon par le biais des “Oiran” , des courtisans de hauts rangs. Au sein des rues de paris du xxᵉ siècle, Collette – mémoires d’une maison close, traite du même sujet et confronte les lecteur-ices face à ce qui n’a malheureusement pas tant changé. Par les yeux de portraits féminins marquants, Moyoco anno retranscrit la violence et la dureté de ce monde. Une lecture immanquable.

Helter-Skelter , Kyoko okazaki – Edition Atelier Akatombo

Ma première rencontre avec Kyokô Okazaki a débuté avec l’une de ses œuvres emblématiques. Helter Skelter. Elle aborde de manière frontale et brute les dérives malsaines que peut prendre la célébrité. Pour aborder petit à petit des sujets tels que l’existence aux frontières du fantastique et du surréaliste. Tout en abordant le sujet du regard apposé par la société porté sur les femmes, en illustrant la lutte de Ririko de démanteler ce carcan.

Le clan des poe , Moto Hagio – Akata

Douze ans après sa première venue en France, le retour de Moto Hagio dans nos contrées était l’une des plus grosses attentes de l’année. Ce retour est marqué par le récit poétique et fantastique qu’est Le clan des poe. L’autrice propose une réappropriation  envoûtante de la figure vampirique. Ces êtres immortels dont le corps est leur propre geôlier. Par ce récit et le statut de ces individus dont le temps n’a pas d’emprise, Moto Hagio livre des portraits de personnages à la psychologie complexe et profonde.

Hirayasumi, Kengo Shinzô – le lézard noir

Après L’auto-école Du Collège Moriyama, Summer of Lave, Tokyo Alien bro et Mauvaises Herbes. Keigô Shinzo revient avec une proposition rayonnante.

Hirayasumi dépeint la vie d’Hirato, jeune adulte de 29 ans qui vit d’un petit boulot et vit au jour le jour. Il vit aux côtés de Hanae wanada et de sa cousine de 19 ans qui rêve de devenir mangaka. Hirayasumi est une œuvre qui touche par l’universalité des thématiques que l’œuvre soulève et la diversité de ses personnages dans lequel il est facile de s’identifier. La narration et le découpage vont à l’essentiel, elle est épurée et n’en fait jamais trop. L’œuvre brille par son naturel et sa simplicité qui rendent ces personnages à la fois attachants et humains.

Meloku vous prend le temps de vous livrer un portrait passoniant sur Keigô Shinzo et ce que ce dernier apporte au paysage du manga: Keigo Shinzô : Un souffle d’air frais sur la planète Manga

Ocean rush, John Tarachine – édition Akata

Cela faisait de longues années que j’attendais cette œuvre de John Tarachine. Dans ce manga plus intimiste que jamais, l’autrice évoque ses interrogations profondes et de son rapport à l’art via cette relation intergénérationnelle entre Kai et Umiko. La frontière entre ceux qui créent et ceux qui ne créent pas existe-t-elle ? Quel est l’impact de nos créations dans le monde et nos vies ? Comment trouver une forme d’expression qui nous corresponde ?  Au cours d’un article, nous nous étions penchés sur ce rapport qu’entretient l’autrice avec la création:

Ocean rush: prendre la mer